Plan des niveaux d’immigration du Canada pour 2026-2028 : stabilisation des admissions et baisse des résidents temporaires

Le Canada a dévoilé, dans le cadre du budget 2025, son Plan des niveaux d’immigration 2026-2028, une feuille de route décisive qui reconfigure les équilibres de la politique migratoire nationale. Après plusieurs années d’augmentation rapide des admissions et de pressions sur les infrastructures d’accueil, le gouvernement opte désormais pour une stabilisation et une réorientation qualitative de l’immigration.
Ce plan s’inscrit dans une logique de « retour au contrôle », combinant rationalisation des flux, accent économique et maintien de la tradition humanitaire.
Les grandes lignes du plan
1. Stabilisation du nombre de résidents permanents
Les objectifs d’admission pour les trois prochaines années sont fixés à 380 000 résidents permanents par an (de 2026 à 2028). Cette stabilité tranche avec les hausses successives observées depuis 2020.
Le gouvernement mise sur une répartition équilibrée entre les catégories d’immigration :
- Immigration économique : environ 64 % des admissions, contre 59 % auparavant.
- Regroupement familial : autour de 21 à 22 %.
- Réfugiés et motifs humanitaires : près de 13 %.
- Immigration francophone hors Québec : de 9 % en 2026 à 10,5 % en 2028, confirmant un engagement pour la vitalité des communautés francophones en milieu minoritaire.
Cette approche vise à maintenir un volume global soutenable tout en renforçant la contribution économique et linguistique des nouveaux arrivants.
2. Baisse marquée des résidents temporaires
Le changement le plus notable du plan concerne les résidents temporaires, dont le nombre a doublé en six ans, passant de 3,3 % de la population en 2018 à 7,5 % en 2024.
Pour 2026, la cible est fixée à 385 000 admissions (fourchette de 375 000 à 395 000), puis 370 000 en 2027 et 2028.
Ces chiffres incluent pour 2026 :
- 230 000 travailleurs étrangers temporaires ;
- 155 000 étudiants internationaux.
L’objectif est de ramener la proportion de résidents temporaires à moins de 5 % de la population d’ici la fin de 2027, afin d’alléger la pression sur le logement, la santé et l’éducation.
3. Nouvelles mesures transitoires et d’intégration
Le plan comprend des dispositifs innovants pour faciliter la transition vers la résidence permanente :
- Une mesure ponctuelle permettra à 33 000 travailleurs temporaires de devenir résidents permanents entre 2026 et 2027.
- Une initiative humanitaire vise à accorder le statut de résident permanent à certaines personnes protégées déjà présentes au Canada, qui ne peuvent retourner dans leur pays d’origine.
Ces mesures cherchent à valoriser les personnes intégrées et à offrir une voie légale et durable à ceux qui contribuent déjà à l’économie canadienne.
4. Impact budgétaire et redéploiement administratif
Le gouvernement prévoit un coût de 168,2 millions de dollars sur quatre ans, principalement en raison de la baisse des revenus liés aux frais perçus pour les admissions temporaires. Par la suite, le coût annuel sera d’environ 35,7 millions de dollars.
Cet investissement vise à restaurer un système plus clair, plus cohérent et administrativement soutenable, après des années de surcharge.
Analyse des logiques et objectifs
1. Retrouver l’équilibre entre accueil et capacité
Le Canada reconnaît que le rythme des admissions dépassait sa capacité à loger, à soigner et à intégrer les nouveaux arrivants. Le plan 2026-2028 traduit donc un réalignement sur les capacités nationales d’accueil.
Cette stabilisation se veut temporaire et corrective : elle ne renonce pas à l’ouverture, mais cherche à garantir la cohérence entre immigration, infrastructures et intégration sociale.
2. Priorité à l’immigration économique et aux compétences
En augmentant la part du volet économique à 64 %, le gouvernement place les compétences et l’employabilité au cœur de sa stratégie.
Cette orientation répond à plusieurs impératifs :
- Vieillissement démographique et remplacement de la main-d’œuvre.
- Pénuries sectorielles (santé, technologies, métiers spécialisés, construction).
- Nécessité de stimuler la productivité et l’innovation.
Le Canada ne cherche plus seulement à attirer des volumes, mais à cibler des profils hautement qualifiés et alignés sur les besoins régionaux.
3. Maintien de la vocation humanitaire et de la réunification
Malgré la rationalisation, le plan maintient les piliers historiques du modèle canadien : protection des réfugiés, réunification familiale et promotion du bilinguisme.
Cette dimension équilibrée permet au Canada de conserver son identité internationale d’État accueillant, tout en affirmant une gestion responsable.
4. Réaffirmation du contrôle et de la prévisibilité
Le gouvernement veut restaurer la confiance du public et des provinces dans la politique d’immigration.
Les cibles chiffrées et les fourchettes prévisionnelles apportent une visibilité à moyen terme, ce qui facilite la planification des services publics, du marché du logement et de la formation professionnelle.
Enjeux et défis du nouveau cap
1. Pénuries potentielles de main-d’œuvre
La réduction des permis de travail temporaires pourrait affecter plusieurs secteurs dépendants de cette main-d’œuvre, notamment l’agriculture, la santé, la restauration et la construction.
À court terme, cela pourrait accentuer certaines tensions économiques locales, surtout dans les régions rurales.
2. Attractivité internationale en question
La baisse des admissions d’étudiants internationaux (près de 60 % de réduction par rapport à 2024) pourrait avoir un impact sur la réputation du Canada comme destination d’études.
De nombreux établissements d’enseignement et employeurs risquent d’être touchés par cette contraction. Le défi sera de maintenir l’attractivité tout en maîtrisant les flux.
3. Coordination fédérale et provinciale
Les provinces et territoires ont des besoins économiques distincts. Le plan promet de tenir compte des « secteurs touchés » et des « communautés rurales et éloignées », mais la coordination entre Ottawa et les administrations locales demeure cruciale.
Un ajustement flexible des quotas sera nécessaire pour éviter les déséquilibres régionaux.
4. Effets démographiques et intégration
Limiter les admissions à 380 000 par an, soit moins de 1 % de la population canadienne, pourrait ralentir la croissance démographique à moyen terme.
Cependant, cette stratégie peut améliorer l’intégration sociale et culturelle, en permettant un accompagnement plus qualitatif des nouveaux arrivants.
5. Mise en œuvre administrative
Les ambitions du plan dépendront de la capacité du ministère de l’Immigration à traiter efficacement les demandes, à simplifier les procédures et à soutenir les provinces.
Une gestion rigoureuse des délais et une meilleure communication avec les candidats seront déterminantes pour la réussite de cette politique.
Conséquences pour les candidats à l’immigration
1. Pour les travailleurs et les professionnels qualifiés
Le message est clair : les profils économiques sont au centre du dispositif.
Les candidats disposant d’une expérience canadienne, de compétences en demande ou d’une offre d’emploi validée auront un net avantage.
2. Pour les étudiants internationaux
Le contexte devient plus sélectif : les permis d’études seront délivrés avec davantage de rigueur, et les programmes d’études devront démontrer une réelle valeur ajoutée pour le marché du travail canadien.
Les étudiants souhaitant s’établir durablement devront viser une stratégie d’intégration professionnelle à long terme.
3. Pour les travailleurs temporaires
Bien que les admissions baissent, la création d’un mécanisme de transition vers la résidence permanente offre de nouvelles perspectives à ceux qui s’investissent durablement dans la société canadienne.
4. Pour les réfugiés et les familles
Le maintien d’une enveloppe stable pour les réfugiés et le regroupement familial rassure quant à la continuité de la vocation humanitaire du pays.
VI. Perspectives et conclusion
Le Plan des niveaux d’immigration 2026-2028 marque une étape charnière. Après une phase d’expansion rapide, le Canada entre dans une ère de consolidation stratégique.
Le choix du gouvernement de stabiliser les admissions de résidents permanents et de réduire les temporaires traduit une volonté de rééquilibrer l’immigration en fonction des capacités nationales.
Ce virage est à la fois économique, social et symbolique :
- économique, car il vise à adapter l’immigration aux besoins du marché du travail ;
- social, car il cherche à restaurer la cohésion et l’intégration ;
- symbolique, car il réaffirme que le Canada demeure un pays ouvert, mais désormais plus sélectif et prévisible.
Les trois prochaines années permettront d’en mesurer les effets réels.
Pour les candidats, il s’agit d’un moment stratégique : il faudra se préparer avec rigueur, mettre en avant ses compétences, et anticiper les nouvelles priorités fédérales et provinciales.
Consultation recommandée
Si vous souhaitez immigrer au Canada, obtenir un permis d’études ou un permis de travail, ou encore faire la transition vers la résidence permanente, prenez-rendez-vous pour une consultation.
Cette consultation permettra de :
- évaluer votre admissibilité et vos chances selon le nouveau cadre 2026-2028 ;
- identifier la voie la plus adaptée à votre profil ;
- optimiser votre dossier ;
- anticiper les exigences de preuve, de langue et de sélection provinciale.







